EDWIN FAUTHOUX-KRESSER

PRINCIPE DE RÉALITÉ
2012

La première question que je me suis posée en apprenant cette invitation au Palais de l’Élysée fut la suivante : quelles peuvent bien être les images que le Président de la République a tous les jours devant les yeux ? Dans quelles images plonge-t-il ses pensées ? J’avais fait le choix de partir avec un appareil à la mesure du lieu : une lourde chambre photographique, matériel imposant, précis, maîtrisé. Rigoureux et formel. Mais le Palais de l’Élysée, tiré à quatre épingles, est traversé par la figure la plus déroutante qui soit. C’est Don Quichotte lui-même qui peuple ces couloirs et leurs tapisseries, jusqu’à faire face au bureau présidentiel. Que vient faire cet hidalgo fragile, ambigu et si distant du principe de réalité dans le centre décisionnel du pays ? Durant ces journées du patrimoine, mélange de folie et d’organisation, où le visiteur a l’impression d’être à la fois sur scène et dans les coulisses, c’est lui qui a guidé mon regard, comme un indicateur de la fragile frontière entre réalité et fiction. Il m’a semblé que, glissée entre les dorures et les protocoles, la figure indignée de Don Quichotte portait une double injonction aux yeux de ceux qui décident : prévenir de l’orgueil et avertir contre le fantasme d’une part, mais aussi affirmer la nécessité politique d’une dose de folie, d’une puissance d’invention, d’une imagination en acte.

Edwin Fauthoux-Kresser

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