EDWIN FAUTHOUX-KRESSER

RECUEIL AMAZONIEN
2014

«Vue du haut des airs cette terre ardente du Brésil est comme frappée de lèpre, et l’immense forêt vierge que j’ai comparée à une absurde cathédrale végétale vivante perd son relief, ne fait plus image et ressemble, maintenant qu’on la découvre du haut du ciel, à l’envers effiloché d’une tapisserie mangée aux mites s’étendant à l’infini, à une sombre moisissure qui ronge l’intérieur du pays. Je suis même convaincu que si les premiers Blancs qui ont abordé au Brésil étaient venus par la voie des airs, ils auraient fait demi-tour à la vue de cette étendue impénétrable qui fait peur, d’une forêt qui déborde les horizons et qui a été si justement dénommée l’Enfer Vert par un naturaliste du XXe siècle qui l’explorait. Il est curieux, et c’est même extraordinaire de constater et de se l’avouer, qu’une image peut jouer un rôle actif dans la vie des hommes, voire troubler et tromper la psychologie de toute une nation ou d’une époque au point que son potentiel poétique fait l’Histoire. Je me méfie des images. Beaucoup plus que partout ailleurs au monde, au Brésil le paradis est un leurre, une image poétique, un sale cliché usagé.»
Blaise Cendrars, Brésil, des hommes sont venus.

Aller en Amazonie a signifié pour moi travailler un lieu du fantasme, et se heurter à la question d’en produire une image. C’est un territoire qui pose très fort la question de la visibilité et celle de la projection mentale (de Fitzcarraldo à Don Quichotte), de la folie aussi, humaine et économique. J’ai cherché une tonalité assez silencieuse, intérieure, peuplée de figures un peu fantomatiques. Ce travail raconte une navigation : une recherche d’image, autant à l’extérieur qu’au fond de soi.

Edwin Fauthoux-Kresser

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